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tiques, pour les saints et les nobles, et dans les États doctrinaires, libéraux, voire même républicains et basés sur le suffrage universel, pour les intelligents et les riches, est la même : « Tout pour le peuple, rien par le peuple. » Ce qui signifie que les saints, les nobles, ou bien les gens privilégiés soit au point de vue de l’intelligence scientifiquement développée, soit à celui de la richesse, beaucoup plus rapprochée de l’idéal, ou de Dieu, disent les uns, de la

    tants de l’intelligence et de l’autorité humaines, l’État, les corps savants et les classes éclairées, se sont trop évidemment identifiés avec cette même œuvre d’exploitation cruelle et inique, pour avoir pu conserver la moindre force morale, le moindre prestige. Condamnés par leur propre conscience, ils se sentent démasqués, et n’ont pas d’autre recours, contre le mépris qu’ils savent n’avoir que trop bien mérité, que l’argumentation féroce de la violence organisée et armée. Cette organisation fondée sur trois choses détestables : bureaucratie, police et armée permanente, voilà ce qui constitue aujourd’hui l’État, le corps visible de l’intelligence exploitante et doctrinaire des classes privilégiées.

    Contre cette intelligence pourrissante et mourante, une nouvelle intelligence, jeune vigoureuse, pleine d’avenir et de vie, sans doute non encore scientifiquement développée, mais aspirant à la science nouvelle dégagée de toutes les sottises de la métaphysique et de la théologie, se réveille et se forme dans les masses populaires. Cette intelligence n’aura ni professeurs patentés, ni prophètes, ni prêtres, mais s’allumant dans chacun et dans tous, elle ne fondera ni Église nouvelle, ni État nouveau ; elle détruira jusqu’aux derniers vestiges de ce principe fatal et maudit de l’autorité, tant humaine que divine, et rendant sa pleine liberté à chacun, elle réalisera l’égalité, la solidarité et la fraternité du genre humain.