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La phrase sacramentelle pour le gouvernement des masses populaires, pour leur propre bien sans doute, pour [les] saints de leurs âmes, sinon pour celui de leurs corps, dans les États théocratiques et aristocra-

    qui exprime le plus fidèlement cette volonté. Les démocrates radicaux s’imaginent que c’est toujours l’Assemblée élue par le suffrage universel. D’autres encore plus radicaux, y ajoutent le référendum, la votation immédiate du peuple entier sur chaque nouvelle loi un peu importante. Tous, conservateurs, libéraux, radicaux modérés et radicaux extrêmes s’accordent sur ce point que le peuple soit gouverné, soit qu’il élise lui-même ses directeurs et ses maîtres, soit qu’ils lui soient imposés, il faut qu’il ait des directeurs et des maîtres. Privé d’intelligence, il faut qu’il se laisse conduire par ceux qui [l’]ont.

    Tandis que dans les siècles passés on réclamait l’autorité, naïvement, au nom de Dieu, on la réclame aujourd’hui, doctrinairement, au nom de l’intelligence ; ce n’est plus les prêtres d’une religion déchue, mais les prêtres patentés de l’intelligence doctrinaire qui réclament le pouvoir, et cela à une époque où cette intelligence fait évidemment banqueroute. Car jamais les hommes instruits et savants, et en général, ce que l’on appelle les classes éclairées ne firent montre d’une telle dégradation morale, d’une telle lâcheté, d’un tel égoïsme et d’une si complète absence de convictions que de nos jours. À force de lâcheté, malgré toute leur science, elles sont demeurées stupides, ne comprenant rien, que la conservation de ce qui est, espérant follement arrêter le cours de l’histoire par la force brutale de la dictature militaire, devant laquelle elles sont aujourd’hui misérablement prosternées.

    Comme jadis les représentants de l’intelligence et de l’autorité divines, l’Église et les prêtres, s’étaient trop évidemment alliés à l’exploitation économique des masses, ce qui fut aussi la cause principale de leur déchéance, de même aujourd’hui les représen-