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ment besoin de cette société, sans en avoir, au point de vue moral, le moindre besoin.

Mais quel est le nom qu’on doit donner à des rapports qui n’étant motivés que par des besoins exclusivement matériels, ne se trouvent pas en même temps sanctionnés, appuyés par un besoin moral quelconque ? Évidemment, il ne peut y en avoir qu’un seul, c’est l’exploitation. Et en effet, dans la morale métaphysique et dans la société bourgeoise qui a, comme l’on sait, cette morale pour base, chaque individu devient nécessairement l’exploiteur de la société, c’est-à-dire de tous, et l’État, sous ses formes différentes, depuis l’État théocratique et la Monarchie la plus absolue jusqu’à la République la plus démocratique basée sur le suffrage universel le plus large, n’est autre chose qui le régulateur et le garantisseur de cette exploitation mutuelle.

Dans la société bourgeoise, fondée sur la morale métaphysique, chaque individu, par la nécessité ou par la logique même de sa position, apparaît comme un exploiteur des autres, parce qu’il a besoin de tous matériellement et il n’a besoin de personne, moralement. Donc chacun, fuyant la solidarité sociale comme une entrave à la pleine liberté de son âme, mais la cherchant comme un moyen nécessaire pour l’entretien de son corps, ne la considère qu’au point de vue de son utilité matérielle, personnelle, et ne lui ap-