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terme aujourd’hui. Ni dans l’anthropophagie ni dans l’esclavage on ne trouve sans doute aucune trace des principes divins. Mais dans cette lutte incessante des peuples et des hommes entre eux qui constitue l’histoire et à la suite même des souffrances sans nombre qui en sont le résultat le plus clair, les âmes peu à peu se réveillent, sortant de leur engourdissement, de leur abrutissement, rentrant en elles-mêmes, se reconnaissant et s’approfondissant toujours davantage dans leur être intime, provoquées et suscitées d’ailleurs l’une par l’autre, elles commencent à se souvenir, à pressentir d’abord, puis à entrevoir et à saisir plus clairement les principes que Dieu, de toute éternité, y a tracés de sa main propre.

Ce réveil et ce souvenir s’effectuent d’abord dans les âmes non les plus infinies et les plus immortelles, ce qui serait une absurdité ; l’infini n’admettant ni de plus ni de moins, ce qui fait que l’âme du plus grand idiot est aussi infinie et immortelle que celle du plus grand génie ; ils s’effectuent dans les âmes les moins grossièrement matérialisées, et par conséquent plus capables de se réveiller et de se ressouvenir. Ce sont les hommes de génie, les inspirés de Dieu, les révélateurs, les législateurs, les prophètes. Une fois que ces grands et saints hommes, illuminés et provoqués par l’esprit, sans l’aide duquel rien de grand ni de bon ne se fait dans ce monde, une fois qu’ils ont retrouvé