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constitue au contraire la dernière instance et le suprême recours, dans ce sens que toutes les contradictions qui paraissent insolubles dans le monde réel, on les explique en Dieu et par Dieu, c’est-à-dire par l’absurde enveloppé autant que possible d’une apparence rationnelle.

L’existence d’un Dieu personnel et l’immortalité de l’âme sont deux fictions inséparables, sont les deux pôles de la même absurdité absolue, l’un provoquant l’autre et l’un cherchant vainement son explication, sa raison d’être dans l’autre. Ainsi pour la contradiction évidente qu’il y a entre l’infinité supposée de chaque homme et le fait réel de l’existence de beaucoup d’hommes, donc quantité d’êtres infinis qui se trouvent, en dehors l’un de l’autre, se limitant nécessairement ; entre leur mortalité et leur immortalité ; entre leur dépendance naturelle et leur indépendance absolue l’un de l’autre, les idéalistes n’ont qu’une seule réponse : Dieu ; — si cette réponse ne vous explique rien, et ne vous satisfait pas, tant pis pour vous. Ils ne peuvent pas vous en donner d’autre.

La fiction de l’immortalité de l’âme et celle de la morale individuelle, qui en est la conséquence nécessaire, sont la négation de toute morale. Et sous ce rapport, il faut rendre justice aux théologiens, qui, beaucoup plus conséquents, plus logiques que les métaphysiciens, nient hardiment ce que l’on est con-