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l’intérêt bien entendu des classes privilégiées, au point qu’aujourd’hui même, on ne saurait se prononcer ouvertement et dans un langage populaire contre elles, sans révolter une notable partie des masses populaires et sans encourir le danger d’être lapidé par l’hypocrisie bourgeoise. À côté de ces idées tout abstraites et toujours en liaison très intime avec elles, l’adolescent trouve dans la société et par suite de l’influence toute-puissante exercée par cette dernière sur son enfance, il trouve en lui-même une quantité d’autres représentations ou idées beaucoup plus déterminées et qui touchent de plus près à la vie réelle de l’homme, à son existence journalière. Telles sont les représentations sur la nature et sur l’homme, sur la justice, sur les devoirs et les droits des individus et des classes, sur les convenances sociales, sur la famille, sur la propriété, sur l’État et beaucoup d’autres encore qui règlent les rapports des hommes entre eux. Toutes ces idées qu’il trouve incarnées dans les choses et dans les hommes, en naissant, et qui s’impriment dans son propre esprit par l’éducation et par l’instruction qu’il reçoit, avant même qu’il ne soit arrivé à la connaissance de soi-même, il les retrouve plus tard consacrées, expliquées, commentées par les théories qui expriment la conscience universelle ou le préjugé collectif et par toutes les institutions religieuses, politiques et économiques de la société dont