pour tous, même pour les enfants. De sorte que chaque génération nouvelle s’en pénètre dès sa plus tendre enfance, et quand elle arrive à l’âge viril, où commence proprement le travail de sa propre pensée, nécessairement accompagné d’une critique nouvelle, elle trouve en elle-même aussi bien que dans la société qui l’entoure, tout un monde de pensées ou de représentations établies, qui lui servent de point de départ et lui donnent en quelque sorte la matière première ou l’étoffe pour son propre travail intellectuel et moral. De ce nombre sont les imaginations traditionnelles et communes que les métaphysiciens, trompés par la manière tout à fait insensible et imperceptible, par laquelle, venant du dehors, elles pénètrent et s’impriment dans le cerveau des enfants, avant même qu’ils ne fussent arrivés à la conscience d’eux-mêmes, appellent faussement les idées innées.
Telles sont les idées générales ou abstraites sur la divinité et sur l’âme, idées complètement absurdes, mais inévitables, fatales dans le développement historique de l’esprit humain qui n’arrivant que très lentement à travers beaucoup de siècles à la connaissance rationnelle et critique de soi-même et de ses manifestations propres, part toujours de l’absurde pour arriver à la vérité et de l’esclavage pour conquérir la liberté ; idées sanctionnées par l’ignorance universelle et par la stupidité des siècles, aussi bien que par