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un fait naturel. Parti de l’état de gorille, l’homme n’arrive que très difficilement à la conscience de son humanité et à la réalisation de sa liberté. D’abord il ne peut avoir ni cette conscience, ni cette liberté ; il naît bête féroce et esclave, et il ne s’humanise et ne s’émancipe progressivement qu’au sein de la société qui est nécessairement antérieure à la naissance de sa pensée, de sa parole et de sa volonté ; et il ne peut le faire que par les efforts collectifs de tous les membres passés et présents de cette société qui est par conséquent la base et le point de départ naturel de son humaine existence. Il en résulte que l’homme ne réalise sa liberté individuelle ou bien sa personnalité qu’en se complétant de tous les individus qui l’entourent, et seulement grâce au travail et à la puissance collective de la société, en dehors de laquelle, de toutes les bêtes féroces qui existent sur la terre, il resterait, sans doute toujours la plus stupide et la plus misérable. Dans le système des matérialistes qui est le seul naturel et logique, la société loin d’amoindrir et de limiter, crée au contraire la liberté des individus humains. Elle est la racine, l’arbre et la liberté est son fruit. Par conséquent, à chaque époque, l’homme doit chercher sa liberté non au début, mais à la fin de l’histoire, et l’on peut dire que l’émancipation réelle et complète de chaque individu humain est le vrai, le grand but, la fin suprême de l’histoire.