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sagers, limités et finis qui puissent se compléter mutuellement ; l’infini ne se complète pas. En rencontrant un autre, qui n’est pas lui-même, il se sent au contraire rétréci, donc il doit fuir, ignorer tout ce qui n’est pas lui-même. À la rigueur, ai-je dit, l’âme immortelle devait pouvoir se passer de Dieu même. Un être infini en lui-même ne peut en reconnaître un autre qui lui soit, égal à côté de lui, ni encore moins un qui lui serait supérieur au-dessus de lui-même. Tout être qui serait aussi infini que lui-même et qui serait autre que lui, lui poserait une limite et par conséquent en ferait un être déterminé et fini. En reconnaissant un être aussi infini qu’elle-même, en dehors d’elle-même, l’âme immortelle se reconnaît donc nécessairement comme un être fini. Car l’infini n’est réellement tel qu’en embrassant tout et ne laissant rien en dehors de soi-même. À plus forte raison un être infini ne peut, ne doit pas reconnaître un être infini qui lui soit supérieur. L’infinité n’admet rien de relatif, rien de comparatif ; ces mots infinité supérieure et infinité inférieure impliquent donc une absurdité. Dieu est précisément une absurdité. La théologie qui a le privilège d’être absurde et qui croit dans les choses précisément parce que ces choses sont absurdes, a mis au-dessus des âmes humaines immortelles et par conséquent infinies, l’infinité supérieure, absolue de Dieu. Mais pour se corriger, elle a créé la fiction de