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séquence logique, la société comme une source de corruption et l’isolement absolu de l’âme comme la condition de toutes les vertus. S’ils sortirent quelquefois de leur solitude, ce ne fut jamais par besoin, mais par générosité, par charité chrétienne pour les hommes qui continuant de se corrompre dans le milieu social, avaient besoin de leurs conseils, de leurs prières et de leur direction. Ce fut toujours pour sauver les autres, jamais pour se sauver et pour se perfectionner eux-mêmes. Ils risquaient au contraire de perdre leurs âmes en rentrant dans cette société qu’ils avaient fuie avec horreur, comme l’école de toutes les corruptions, et aussitôt leur sainte œuvre achevée ils retournaient au plus vite dans leur désert pour s’y reperfectionner de nouveau par la contemplation incessante de leur être individuel, de leur âme solitaire, en présence de Dieu seul.

C’est un exemple que tous ceux qui croient encore aujourd’hui à l’immortalité de l’âme, à la liberté innée ou au libre arbitre, devaient suivre, pour peu qu’ils désirent sauver leurs âmes, et les préparer dignement pour la vie éternelle. Je le répète encore, les saints anachorètes qui à force d’isolement arrivaient à une imbécillité complète, étaient parfaitement logiques. Du moment que l’âme est immortelle, c’est-à-dire infinie par son essence, libre et d’elle-même, elle doit se suffire à elle-même. Il n’y a que les êtres pas-