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développement des besoins de l’homme et des moyens de les satisfaire.

Ainsi, animal omnivore, l’homme a vécu d’abord comme tous les autres animaux, de fruits et de plantes, de chasse et de pêche. Pendant bien des siècles, sans doute, l’homme chassa et pêcha comme le font les bêtes encore aujourd’hui, sans l’aide d’autres instruments que ceux dont la nature l’avait doué. La première fois qu’il se servit de l’arme la plus grossière, d’un simple bâton ou d’une pierre, il fit acte de réflexion, et s’affirma, sans en avoir sans doute le soupçon, comme un animal pensant, comme homme ; car l’arme même la plus primitive, devant nécessairement s’adapter au but que l’homme se propose d’atteindre, suppose un certain calcul de l’esprit, calcul qui distingue essentiellement l’homme animal de tous les autres animaux de la terre. Grâce à cette faculté de réfléchir, de penser, d’inventer, l’homme perfectionna ses armes, très lentement il est vrai, à travers beaucoup de siècles, et se transforma par là même en chasseur ou en bête féroce armée.

Arrivés à ce premier degré de civilisation, les petits groupes humains eurent naturellement plus de facilité à se nourrir en tuant les êtres vivants, sans en excepter les hommes, qui devaient leur servir d’aliments, que les bêtes privées de ces instruments de chasse ou de guerre ; et comme la multiplication de