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Ce n’est pas assez d’avoir ensanglanté le monde par sa colère ; il verse encore le sang de son Fils unique, ce Dieu sanguinaire ; il l’immole sous le prétexte de réconcilier le monde avec sa divine Majesté ! Encore s’il y avait réussi ! Mais non, le monde naturel et humain reste aussi déchiré et ensanglanté qu’avant cette monstrueuse rédemption. — D’où il résulte clairement que le Dieu des chrétiens, comme tous les Dieux qui l’ont précédé, est un Dieu aussi impuissant que cruel, aussi absurde que méchant.

Et ce sont de pareilles absurdités qu’on veut imposer à notre liberté, à notre raison ! C’est avec de pareilles monstruosités qu’on prétend moraliser, humaniser les hommes ! Que Messieurs les théologiens aient donc le courage de renoncer franchement à l’humanité aussi bien qu’à la raison. Ce n’est pas assez de dire avec Tertullien : « Credo quia absurdum. Je crois en ce qui est absurde » ; — qu’ils tâchent encore, s’ils le peuvent, de nous imposer leur christianisme par le knout, comme le czar de toutes les Russies, par le bûcher, comme Calvin, par la Sainte Inquisition, comme les bons catholiques, par la violence, la torture et la mort comme voudraient pouvoir le faire encore les prêtres de toutes les religions possibles, — qu’ils essaient tous ces jolis moyens, mais qu’ils n’espèrent pas triompher jamais d’une autre façon.