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faveur des mauvaises habitudes que des bonnes. Car — à cause même de l’origine animale de toute humaine société, et par l’effet de cette force d’inertie, qui exerce une action tout aussi puissante dans le monde intellectuel et moral que dans le monde matériel — dans chaque société qui ne dégénère pas encore, mais qui progresse et marche en avant, les mauvaises habitudes, ayant toujours pour elles la priorité du temps, sont plus profondément enracinées que les bonnes. Ceci nous explique pourquoi, sur la somme totale des habitudes collectives actuelles, dans les pays les plus avancés du monde civilisé, les neuf dixièmes au moins ne valent rien.

Qu’on ne s’imagine pas que je veuille déclarer la guerre à l’habitude qu’ont généralement la société et les hommes de se laisser gouverner par l’habitude. En cela, comme en beaucoup d’autres choses, ils ne font que fatalement obéir à une loi naturelle, et il serait absurde de se révolter contre des lois naturelles. L’action de l’habitude dans la vie intellectuelle et morale des individus aussi bien que des sociétés est la même que celle de l’action végétative dans la vie animale. L’une et l’autre sont des conditions d’existence et de réalité. Le bien aussi bien que le mal, pour devenir une chose réelle, doit passer en habitude soit dans l’homme pris individuellement, soit dans la société. Tous les exercices, toutes les études auxquels