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qu’aucune lumière n’a jamais éclairée. — Il suffit qu’un étranger s’y présente pour qu’une foule d’êtres humains misérables, hommes, femmes, enfants, à peine vêtus et portant sur leurs figures et sur toute leur personne les signes de la misère la plus affreuse et de la plus profonde abjection, l’entourent, l’insultent et quelquefois même le maltraitent, seulement parce qu’il est étranger. Ce patriotisme brutal et sauvage n’est-il donc point la négation la plus criante de tout ce qui s’appelle humanité ?

Et pourtant, il est des journaux bourgeois très éclairés, comme le Journal de Genève, par exemple, qui n’éprouvent aucune honte en exploitant ce préjugé si peu humain et cette passion toute bestiale. Je veux pourtant leur rendre justice et je reconnais volontiers qu’ils les exploitent sans les partager en aucune manière, et seulement parce qu’ils trouvent intérêt à les exploiter, de même que font aujourd’hui à peu près tous les prêtres de toutes les religions, qui prêchent les niaiseries religieuses sans y croire, et seulement parce que qu’il est évidemment dans l’intérêt des classes privilégiées que les masses populaires continuent, elles, d’y croire.

Lorsque le Journal de Genève se trouve à bout d’arguments et de preuves, il dit : c’est une chose, une idée, un homme étrangers, et il a une si petite idée de ses compatriotes, qu’il espère qu’il lui suffira de