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patriotisme, cette vertu et ce culte de l’État, n’est qu’un reflet du culte divin.

L’homme vertueux, selon les préceptes de l’école idéale, religieuse et politique à la fois, doit servir Dieu et se dévouer à l’État. Et c’est cette doctrine dont l’utilitarisme bourgeois, dès le début de ce siècle, a commencé à faire justice.



QUATRIÈME LETTRE[1]


L’un des plus grands services rendus par l’utilitarisme bourgeois, ai-je dit, c’est d’avoir tué la religion de l’État, le patriotisme.

Le patriotisme, comme on le sait, est une vertu antique née au milieu des républiques grecques et romaines, où il n’y eut jamais d’autre religion réelle que celle de l’État, d’autre objet de culte que l’État.

Qu’est-ce que l’État ? C’est, nous répondent les métaphysiciens et les docteurs en droit, c’est la chose publique ; les intérêts, le bien collectif et le droit de tout le monde, opposés à l’action dissolvante des intérêts et des passions égoïstes de chacun. C’est la justice et la réalisation de la morale et de la vertu sur la terre.

  1. Genève, le 28 avril 1869. — Le Progrès, 9 (1er mai, 1869), p. 2-3.