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vie, peut produire une révolution radicale en bien comme en mal. Ajoutez-y l’élasticité qui est propre à toutes les jeunes natures, surtout lorsqu’elles sont douées d’une certaine énergie naturelle, laquelle les fait révolter contre les influences trop impérieuses et trop despotiquement persistantes et grâce à laquelle quelquefois l’excès même du mal peut produire le bien.

L’excès du bien ou de ce qu’on appelle généralement le bien peut-il, à son tour, produire le mal ? Oui, lorsqu’il s’impose comme une loi despotique, absolue, soit religieuse, soit doctrinaire-philosophique, soit politique, juridique, sociale, ou comme loi patriarcale de la famille — en un mot, lorsque tout bien qu’il paraît être ou qu’il est réellement, il s’impose à l’individu comme la négation de la liberté et n’en est pas lui-même le produit. Mais alors la révolte contre le bien, ainsi imposé, n’est pas seulement naturelle, elle est légitime : loin d’être un mal elle est un bien au contraire ; car il n’est point de bien en dehors de la liberté, et la liberté est la source et la condition absolue de tout bien, qui soit véritablement digne de ce nom, le bien n’étant autre chose que la liberté.

Développer et prouver cette vérité qui nous paraît si simple, tel est l’unique but de cet écrit. Retournons maintenant à notre question.

L’exemple, de la même contradiction ou anomalie