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générosité, le courage réduits, non à zéro, mais à une très petite quantité. Si petite qu’elle soit, c’est donc toujours une quantité positive et qui, par l’éducation, peut être développée, fortifiée, augmentée dans un sens positif — ce qui ne serait pas si les vices ou les qualités négatives formaient une propriété à part ; il faudrait les tuer, non les développer, car leur développement ne pourrait alors avoir lieu que dans le sens négatif.

Enfin, sans nous permettre de préjuger ces graves questions physiologiques, dans lesquelles nous avouons notre complète ignorance, nous ajoutons, en nous appuyant sur l’autorité unanime en ce point de tous les physiologistes modernes, une dernière considération : il paraît constaté et prouvé que, dans l’organisme humain, il n’y a point de lieux et d’organes séparés pour les facultés instinctives, affectives ou morales et intellectuelles et que toutes s’élaborent dans la même partie du cerveau au moyen du même outillage nerveux[1], d’où il semble clairement résul-

  1. Voyez le remarquable article de M. Littré « De la méthode en psychologie » dans la revue « la Philosophie positive » : il est physiologiquement avéré, dit l’illustre positiviste, que le cerveau ne crée rien ; il reçoit. Sa fonction est de faire, avec ce qui lui est transmis (par les sens) des sentiments et des idées ; mais il n’est pour rien dans ce qui constitue le substractum de ces idées et de ces sentiments. À vrai dire, tout lui vient du dehors, car les dispositions organiques, sans lesquelles ne s’entretiennent ni