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Jusqu’à quel point la nature particulière ou l’âme de l’individu, — c’est-à-dire les particularités individuelles de l’appareil cérébral et nerveux, sont-elles développées chez un enfant nouveau né ? — Voici une question dont la solution appartient aux physiologues. Nous savons seulement que toutes ces particularités doivent être nécessairement héréditaires, dans le sens que nous avons tâché d’expliquer, c’est-à-dire déterminées par une infinité de causes les plus diverses, les plus disparates : matérielles et morales, mécaniques et physiques, organiques et spirituelles, historiques, géographiques, économiques et sociales, grandes et petites, constantes et fortuites, immédiates et très éloignées dans l’espace et dans le temps, et dont la somme ne se combine en un seul Être vivant et ne s’individualise, pour la première et pour la dernière fois, dans le courant des transformations universelles, que dans cet enfant seulement, qui, dans l’acception tout individuelle de ce mot, n’a jamais eu et n’aura jamais de pareil.

Reste à savoir jusqu’à quel point et dans quel sens cette nature individuelle se trouve réellement déterminée, au moment où l’enfant sort du ventre de sa mère ? Cette détermination est-elle seulement matérielle, ou bien en même temps spirituelle et morale, ne fût-ce que comme tendance et comme capacité naturelle ou comme prédisposition instinctive ? L’enfant