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fait de cette proclamation et de cette libre acceptation, que d’eux-mêmes et sans autre stimulant que leurs convictions propres, ils se fussent mis à observer consciencieusement et à exécuter régulièrement des prescriptions et des lois qui leur imposaient une morale jusque-là inconnue ?

Admettre la possibilité d’un tel miracle, ce serait en même temps reconnaître l’inutilité de l’État, la capacité de l’homme naturel de concevoir, de vouloir et de faire, rien que par l’impulsion de sa liberté propre, le bien, ce qui serait aussi contraire à la théorie de l’État soi-disant libre qu’à celle de l’État religieux ou divin ; toutes les deux ayant pour base fondamentale l’incapacité présumée des hommes de s’élever au bien et de le faire par impulsion naturelle, puisque cette impulsion, d’après ces mêmes théories, les pousse au contraire irrésistiblement et toujours vers le mal. Par conséquent, toutes les deux nous enseignent que, pour assurer l’observation des principes et l’exécution des lois dans quelque société humaine que ce soit, il faut qu’il se trouve à la tête de l’État un pouvoir vigilant, régulateur et au besoin répressif. — Reste à savoir qui devra et qui pourra l’exercer ?

Pour l’État fondé sur le droit divin et par l’intervention d’un Dieu quelconque, la réponse est toute simple : ce seront les prêtres d’abord, puis les auto-