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nous répondre que, puisqu’ils ne formèrent d’abord leur contrat mutuel qu’en vue de leur commune sécurité, ce qu’ils appelèrent le bien ne fut alors rien que les quelques points peu nombreux, qui furent par eux stipulés dans leur contrat, comme par exemple : de ne pas s’entre-tuer, ni de s’entre-piller et de se soutenir mutuellement contre toutes les attaques venant du dehors ; mais que plus tard un législateur, homme de génie vertueux, déjà né au milieu d’une association ainsi formée et, par conséquent, en quelque sorte élevé dans son esprit, a pu en élargir, en approfondir les conditions et les bases et créer par là même un premier code de morale et de lois.

Mais aussitôt surgit une autre question : en supposant qu’un homme doué d’un génie extraordinaire, né au milieu de cette société encore très primitive, a pu, grâce à la très grossière éducation qu’il a pu recevoir dans son sein, et son génie aidant, concevoir un code de morale, comment a-t-il pu parvenir à le faire accepter par son peuple ? Par la force de la seule logique ? — C’est impossible. La logique finit bien par triompher toujours, même des esprits les plus récalcitrants, mais il faut bien plus que la durée de la vie d’un homme pour cela, et avec des esprits peu développés il lui aurait fallu plusieurs siècles. Par la force, par la violence ? Mais alors ce ne serait plus une société fondée sur le libre contrat, mais sur la conquête, sur