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dire par un procédé de formation et de conservation qui lui est propre et qui le distingue de toutes les autres espèces d’animaux. Cette loi n’a pas d’existence propre en dehors des individus réels qui appartiennent à l’espèce qu’elle gouverne ; elle n’a de réalité qu’en eux seuls, mais elle les gouverne d’une manière absolue et ils en sont les esclaves. Dans les espèces tout à fait inférieures, se manifestant plutôt comme un procédé de la vie végétale que de la vie animale, elle leur est quasi tout à fait étrangère, apparaissant presque comme une loi extérieure, à laquelle les individus à peine déterminés comme tels, obéissent pour ainsi dire mécaniquement. Mais plus les espèces se développent, montant par une série progressive vers l’homme, et plus la loi générique et spéciale qui les gouverne s’individualise davantage, et plus complètement elle se réalise et s’exprime dans chaque individu, qui acquiert par là même un caractère plus déterminé, une physionomie plus distincte, de sorte que tout en continuant d’obéir à cette loi aussi fatalement que les autres, du moment qu’elle se manifeste en lui davantage comme son impulsion individuelle propre, comme une nécessité plutôt intérieure qu’extérieure, — malgré que cette nécessité intérieure soit toujours produite sans qu’il s’en doute en lui par une foule de causes extérieures — l’individu se sent plus libre et plus autonome, plus doué de