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dû les avoir ! Où les a-t-il trouvées ? Nécessairement en lui-même. Mais tout ce qu’il a, il le tient d’abord de son animalité, — son esprit n’étant rien que l’explication, la parole de sa nature animale. — Donc les idées du juste et du bien doivent avoir, comme toutes les choses humaines, leur racine dans l’animalité même de l’homme.

Et en effet, les éléments de ce que nous appelons la morale, se trouvent déjà dans le monde animal. Dans toutes les espèces d’animaux, sans aucune exception, seulement avec une grande différence de développement, ne voyons-nous pas deux instincts opposés : l’instinct de la conservation de l’Individu et celui de la conservation de l’Espèce, ou, pour parler humainement, l’instinct égoïste et l’instinct social. Au point de vue de la science, comme à celui de la nature elle-même, ces deux instincts sont également naturels et par conséquent légitimes, et ce qui plus est, également nécessaires dans l’économie naturelle des êtres, — l’instinct individuel étant lui-même une condition fondamentale de la conservation de l’espèce ; car si les individus ne se défendaient pas avec énergie contre toutes les privations et contre toutes les pressions extérieures qui menacent leur existence sans cesse, l’espèce elle-même, qui ne vit qu’en eux et par eux, ne pourrait subsister. Mais si l’on voulait juger de ces deux mouvements en ne prenant pour point de