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bien finir par briser, afin de conquérir pour tout de bon la raison raisonnable, la vérité vraie, la pleine justice et la réelle liberté.

Par la religion, l’homme animal, en sortant de la bestialité, fait un premier pas vers l’humanité ; mais tant qu’il restera religieux, il n’atteindra jamais son but, parce que toute religion le condamne à l’absurde et, faussant la direction de ses pas, le fait chercher le divin au lieu de l’humain. Par la religion, les peuples à peine délivrés de l’esclavage naturel, dans lequel restent plongées toutes les autres espèces d’animaux, retombent aussitôt dans l’esclavage des hommes forts et des castes privilégiées par la divine élection.




L’un des principaux attributs des Dieux immortels, comme on sait, c’est d’être des législateurs de l’humaine société, les fondateurs de l’État. L’homme, disent à peu près toutes les religions, serait incapable de reconnaître ce qui est le bien et le mal, le juste ou l’injuste, il a donc fallu que la divinité elle-même, d’une manière ou d’une autre, ait descendu sur la terre pour le lui enseigner et pour établir dans l’humaine société l’ordre politique et civil, — d’où naturellement résulte cette triomphante conclusion : que toutes les lois et tous les pouvoirs établis, consacrés