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manière absolue. L’être suprême apparaît aussitôt comme le maître absolu, comme la pensée, la volonté, la source — comme le créateur et le régulateur de toutes choses, rien ne saurait plus rivaliser avec lui, et tout doit en sa présence disparaître : la vérité de toute chose ne se trouvant qu’en lui seul, et chaque être particulier, quelque puissant qu’il paraisse, y compris l’homme lui-même, ne pouvant désormais exister que par une concession divine, — ce qui d’ailleurs est parfaitement logique, puisqu’autrement Dieu ne serait point l’être suprême, tout-puissant, absolu, c’est-à-dire qu’il n’existerait pas du tout.

Dès lors, par une conséquence naturelle, l’homme attribue à Dieu toutes les qualités, toutes les forces, toutes les vertus qu’il découvre successivement soit en lui, soit en dehors de lui-même. Nous avons vu que, posé comme être suprême, et n’étant rien en réalité que l’abstractum absolu, Dieu est absolument vide de toute détermination et de tout contenu — nu et nul comme le néant : et comme tel, il se remplit et s’enrichit de toutes les réalités du monde existant, dont il n’est rien que l’abstraction, mais dont il apparaît à la fantaisie religieuse comme le Seigneur et le Maître, — d’où il résulte que Dieu, c’est le spoliateur absolu, et que — l’anthropomorphisme étant l’essence même de toute religion — le ciel, séjour des Dieux immortels, n’est rien qu’un infidèle miroir qui