Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/169

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’un point imperceptible dans la question illimitée et indéfinissable de l’univers, elles offrent tout de même à notre esprit un monde réellement infini — non dans le sens divin, c’est-à-dire dans le sens abstrait de ce mot, non comme l’être suprême, créé par l’abstraction religieuse ; infini, au contraire, par la richesse de ses détails qu’aucune observation, ni aucune science ne pourront jamais épuiser.

Et pour connaître ce monde, notre monde infini, la seule abstraction ne suffit pas. Elle nous conduirait de nouveau à Dieu, à l’Être suprême, au néant. Il faut tout en appliquant cette faculté d’abstraction, sans laquelle nous ne pourrions jamais nous élever d’un ordre de choses inférieur, à un ordre de choses supérieur, ni par conséquent comprendre la hiérarchie naturelle des êtres, — il faut, disons-nous, que notre esprit se plonge avec respect et amour dans l’étude minutieuse des détails et des infiniment petits, sans lesquels nous ne concevrons jamais la réalité vivante des êtres. Ce n’est donc qu’en unissant ces deux facultés, ces deux tendances en apparence si contraires : l’abstraction et l’analyse attentive, scrupuleuse et patiente de tous les détails, que nous pourrons nous élever à la conception réelle de notre monde non extérieurement mais intérieurement infini et nous former une idée quelque peu suffisante de notre univers à nous — de notre globe terrestre, ou, si vous voulez