Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

son contenu, se raréfie ; — plus elle devient abstraite et dénuée de réalité. La vie avec toutes ses exubérances et magnificences passagères est en bas, dans la diversité, — la mort avec sa monotonie éternelle et sublime est en haut, dans l’unité. — Montez toujours plus haut et plus haut, par cette même puissance d’abstraction, dépassez le monde terrestre, embrassez en une même pensée le monde solaire, imaginez-vous cette sublime unité : que vous restera-t-il pour la remplir ? — Le sauvage aurait été bien embarrassé de répondre à cette question ! Mais nous répondrons pour lui : il restera la matière avec ce que nous appelons la force d’abstraction, la matière mouvante avec ses divers phénomènes, tels que la lumière, la chaleur, l’électricité et le magnétisme, qui sont, comme on le prouve aujourd’hui, les différentes manifestations d’une seule et même chose. — Mais, si par la puissance de cette faculté d’abstraction, qui ne s’arrête devant aucune limite, vous montez encore plus haut, au-dessus de votre système solaire, et réunissez dans votre pensée, non seulement ces millions de soleils que nous voyons briller au firmament, mais encore une infinité d’autres systèmes solaires, que nous ne voyons et que nous ne verrons jamais, mais dont nous supposons l’existence, car notre pensée, par cette même raison, qu’elle ne connaît point de limites à son action abstractive, se refuse de croire