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ble à toutes les faiblesses et infirmités humaines, soit un Dieu. — Le sorcier reste pour elle un être surnaturel, mais seulement par instant, lorsqu’il est possédé. Mais possédé par qui ? Par la toute-puissance, par Dieu… Donc la divinité se trouve ordinairement en dehors du sorcier. — Où la chercher ? — Le Fétiche, le Dieu-chose est dépassé, le sorcier, l’homme-Dieu, l’est aussi. — Toutes ces transformations, dans les temps primitifs, ont pu occuper des siècles. — L’homme sauvage déjà avancé, développé et riche de l’expérience et de la tradition de plusieurs siècles, cherche alors la divinité bien loin de lui, mais toujours encore dans des êtres réellement existants : dans le soleil, dans la lune, dans les astres. — La pensée religieuse commence déjà à embrasser l’univers.

L’homme, avons-nous dit, n’a pu arriver à ce point qu’après une longue série de siècles. Sa faculté abstractive, sa raison s’est déjà développée, fortifiée, éprouvée par la connaissance pratique des choses qui l’entourent, et par l’observation de leurs rapports ou de leur causalité mutuelle, tandis que le retour régulier de certains phénomènes lui a donné la première notion de quelques lois naturelles ; il commence à s’inquiéter de l’ensemble des phénomènes et de leurs causes ; il les cherche. En même temps il commence à se connaître lui-même, et grâce toujours à cette puissance d’abstraction, qui lui permet