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manières de se reproduire et d’être dans la nature, sont précisément la voie par laquelle la vie organique donne naissance à de nouvelles variétés et espèces. C’est ainsi, qu’après avoir commencé par une simple cellule à peine organisée et l’avoir fait passer par toutes les transformations de l’organisation végétale d’abord et plus tard animale, elle en a fait un homme.

L’homme sera-t-il toujours le dernier et le plus complet produit organique sur cette terre ? Qui pourrait en répondre et jurer que dans quelques dizaines ou centaines de siècles il ne puisse se dégager de la plus haute variété de l’espèce humaine une espèce d’êtres supérieurs à l’homme et qui se rapporteraient à lui comme il se rapporte lui-même aujourd’hui au gorille ? Dans tous les cas que notre vanité se rassure. Les procédés de la nature sont très lents, et rien dans l’état actuel de l’humanité ne dénote encore la probabilité qu’elle aille donner naissance à une espèce supérieure. Au reste, la nature ne continue-t-elle pas toujours immédiatement son œuvre de création perpétuelle dans les développements historiques du monde humain ? Ce n’est pas sa faute, si nous avons séparé dans notre esprit ce monde, l’humaine société, de ce que nous appelons exclusivement le monde naturel.

La raison de cette séparation est dans la nature même de notre esprit, qui sépare essentiellement l’homme des animaux de toutes les autres espèces.