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cette croyance était-elle une preuve de la vérité de cette supposition ? Dès l’origine de la société historique jusqu’à nos jours, il y a eu toujours et partout exploitation du travail forcé des masses ouvrières, esclaves ou salariées, par quelque minorité conquérante ; s’ensuit-il que l’exploitation du travail d’autrui par des parasites ne soit pas une iniquité, une spoliation ou un vol ? Voilà deux exemples qui prouvent que l’argumentation de nos déistes modernes ne vaut rien.

Rien n’est en effet ni aussi universel, ni aussi antique que l’absurde, et c’est la vérité au contraire qui relativement est beaucoup plus jeune, ayant toujours été le résultat, le produit, jamais le commencement de l’histoire ; car l’homme, par son origine, cousin, sinon descendant direct du gorille, est parti de la nuit profonde de l’instinct animal pour arriver à la lumière de l’esprit, ce qui explique fort naturellement toutes ses divagations passées et nous console en partie de ses présentes erreurs. Toute l’histoire de l’homme n’est donc autre chose que son éloignement progressif de la pure animalité par la création de son humanité. Il s’ensuit que l’antiquité d’une idée, loin de prouver quelque chose en faveur d’une idée, doit au contraire nous la rendre suspecte. Quant à l’universalité d’une erreur, elle ne prouve qu’une chose : l’identité de l’humaine nature dans tous les temps et