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serait-ce pas une misérable bicoque à côté de l’univers qui existe ?

Nous sommes pleins de respect pour la science et nous la considérons comme un des plus précieux trésors, comme une des gloires les plus pures de l’humanité. Par elle l’homme se distingue de l’animal, aujourd’hui son frère cadet, jadis son ancêtre, et devient capable de liberté. Pourtant il est nécessaire de reconnaître aussi les limites de la science et de lui rappeler qu’elle n’est pas le tout, qu’elle n’en est seulement qu’une partie, et que le tout c’est la vie : la vie universelle des mondes, ou pour ne pas nous perdre dans l’inconnu et dans l’indéfini : celle de notre système solaire ou même seulement de notre globe terrestre, enfin nous restreignant encore davantage : le monde humain, — le mouvement, le développement, la vie de l’humaine société sur la terre. Tout cela est infiniment plus étendu, plus large, plus profond et plus riche que la science, et ne sera jamais par elle épuisé.

La vie, prise dans ce sens universel, n’est point l’application de telle théorie humaine ou divine que ce soit, c’est une création, aurions-nous dit volontiers, si nous n’avions crainte de donner lieu à un mésentendu par ce mot ; et comparant les peuples, créateurs de leur propre histoire à des artistes, nous aurions demandé si les grands poètes ont jamais attendu que