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dernière, déduisant les siennes comme des conséquences logiques d’un système absolu, prétend forcer la nature à les accepter ; tandis que les hypothèses de la science rationnelle, issues non d’un système transcendant, mais d’une synthèse qui n’est jamais elle-même que le résumé ou l’expression générale d’une quantité de faits démontrés par l’expérience, ne peuvent jamais avoir ce caractère impératif et obligatoire, étant au contraire toujours présentées de manière à ce qu’on puisse les retirer aussitôt qu’elles se trouvent démenties pas de nouvelles expériences.

La philosophie rationnelle ou science universelle ne procède pas aristocratiquement, ni autoritairement comme feu-dame métaphysique. Celle-ci s’organisant toujours de haut en bas, par voie de déduction et de synthèse, prétendait bien reconnaître aussi l’autonomie et la liberté des sciences particulières, mais dans le fait elle les gênait horriblement, jusqu’au point de leur imposer des lois et même des faits qu’il était souvent impossible de retrouver dans la nature, et de les empêcher de se livrer à des expériences dont les résultats auraient pu réduire toutes ses spéculations au néant. — La métaphysique comme on voit, agissait selon la méthode des États centralisés.

La philosophie rationnelle au contraire est une science toute démocratique. Elle s’organise de bas en haut librement, et a pour fondement unique l’expé-