Il existe déjà en France, ce qui est beaucoup par rapport à la moyenne européenne, 185 prisons. Elles sont surpeuplées, avec 60 513 détenus au 1er juin 2003 pour 48 603 places ; sans qu’y soit pour grand chose l’arrivée au pouvoir de la droite musclée que l’on connaît, il y avait eu une augmentation de 23,5 % des prévenus entre le 1er juillet 2001 et le 1er juillet 2002.
Aux Pays-Bas, les députés avaient très sagement voté un numerus clausus carcéral, évitant ainsi la surpopulation des cellules et l’escalade de la violence individuelle contre la violence institutionnelle. Le rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les prisons françaises[1] avait d’ailleurs repris cette idée dans ses conclusions.
Mais le garde des Sceaux Dominique Perben a d’autres vues : « Les magistrats doivent pouvoir être libres d’incarcérer (sic) sans tenir compte des capacités d’accueil »[2]. D’où la construction de trente nouvelles prisons dont huit pour les mineurs (il s’agit bien de prisons et non de « centres fermés » sur lesquels nous reviendrons), et deux à sécurité très renforcée pour des détenus que l’État tiendra à surveiller de très près, sans doute pour ceux qui n’auront plus rien à perdre ; on imagine assez l’ambiance dans laquelle évoluera le personnel pénitentiaire. Les technocrates à la tête de ces projets ont-ils chiffré la prime de risque des malheureux geôliers ? Un syndicat minoritaire, la CGT-Pénitentiaire, s’est d’ailleurs nettement distingué des autres centrales à la suite d’une tentative d’évasion en Arles ; son secrétaire régional, Paul Adjadj, déclarait le 29 novembre 2002 : « Cette affaire pose à nouveau le problème de la gestion des longues peines, avec cette concentration de gens qui n’ont en quelque sorte plus rien à perdre. C’est pourquoi nous nous opposons au ministre de la Justice et à d’autres organisations syndicales qui veulent en revenir à des établissements de haute