d’une longue peine. Le régime y est plus souple, on peut y obtenir une permission. Les directeurs étant mieux choisis et plus proches du ministère peuvent (mais il leur faut alors une bravoure peu commune) tenir davantage en main leur personnel.
Les centrales (une douzaine en France), les gros monstres où l’on incarcère les longues peines, sont de véritables citadelles. Mais si l’on ne peut pratiquement s’en échapper, on y vit à l’intérieur une détention moins enfermée qu’ailleurs. Il est vrai qu’y végètent ceux qui, condamnés à perpétuité ou à de très longues peines n’ont « rien à perdre ». Ce sont des « durs » et ils sont redoutés des surveillants d’où un étrange équilibre qui rend la plupart des centrales (il y a des exceptions dramatiques) moins mortifères qu’ailleurs. Y règne encore un peu de solidarité alors que l’atmosphère des centres de détention est corrompue par la carotte que sont permissions et libérations conditionnelles ; c’est alors le chacun pour soi : en essayant de « se faire bien voir », on devient vite servile en CD...
Selon qu’on est dans un établissement pénitentiaire pour de longues ou de courtes peines, qu’on a le sida ou non, qu’on est un homme ou une femme, un individu sensible ou non, on n’accomplira pas son temps de détention de la même façon, cela va de soi. C’est d’ailleurs l’une des aberrations de la prison : celui-là est plus « puni » avec deux ans que cet autre avec dix ; éventuellement le premier en mourra ou sa femme se suicidera. Un juge ne sait jamais à quelle peine réelle correspond celle, symbolique, qu’il inflige.
Mais toutes les condamnations à la détention ont un point commun : elles se veulent « infamantes », c’est-à-dire déshonorantes et avilissantes. Ce terme de droit pour une fois parle de lui-même. La subordination permanente qu’on fait subir au prisonnier est un stigmate, cette marque qu’on appelait justement d’infamie jadis appliquée au fer rouge.
Vous êtes déchu et tout va être mis en œuvre pour vous le faire savoir.