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La Justice se montrant de plus en plus sévère, on ne saurait s’étonner de ce qu’en retour la violence partout augmente. Surtout dans les taules.

On y respecte férocement les hiérarchies. Sont estimés au plus haut point les braqueurs, ceux qui se sont fait des banques, des fourgons blindés, bref ceux qui ont pris des risques pour avoir de l’argent et l’ont ainsi chèrement gagné. Les assassins et meurtriers en général ne glanent des autres qu’une vague pitié : ce sont des gens aux nerfs fragiles, qui n’ont jamais vécu dans le milieu de la délinquance (car les tueurs à gages ne se font pas prendre, il est bien rare de les voir en prison) ; les proxénètes ont un statut un peu ambigu, jamais on n’avouera qu’on les envie, mais. S’ils sont français, ils peuvent encore passer pour les derniers représentants du fameux « milieu » en voie d’extinction. Mais étrangers, ils volent le pain blanc des Français et sont haïs autant que craints (on devine que les maffias auxquelles ils appartiennent sont puissantes). Les condamnés pour mœurs et ceux qui ont tué un enfant doivent s’attendre à vivre en prison une double peine : mise à l’écart, au mieux, sinon lapidations, coups, viols collectifs. Les plus faibles sont l’objet de brimades constantes et de rackets, les clochards et malades mentaux du mépris affiché de tous.

Mais la prison, c’est avant tout la petite délinquance, celle des gens qui passent là quelques mois dans les pires des établissements pénitentiaires, les maisons d’arrêt. L’angoisse de l’attente du procès, la promiscuité, la dureté du personnel qui « en voit trop passer » et ne sait jamais à qui il a affaire, tout concourt à les rendre proprement infernales.

Réservées aux courtes peines et aux détenus en attente de jugement, les maisons d’arrêt sont souvent situées dans les villes. Presque toujours vétustes, elles sont dirigées par des directeurs souvent otages des très puissants syndicats de surveillants. La vie y est intolérable.

Les centres de détention sont plus modernes ; on y effectue les peines moyennes (entre 5 et 15 ans) ou les dernières années