comme « une médecine de l’âme » qui peut guérir un homme de ses funestes penchants. Car il y a certes une chose sur laquelle les idées de Platon n’ont jamais varié : personne n’est mauvais volontairement.
En revanche, sur la loi et la justice, Platon, au fil de sa longue vie, a tenu des discours différents et, dans les derniers livres, Les Lois et La République, la peine bien que restant honteuse pour l’esprit est indispensable aux institutions. Car les hommes ne sont que des marionnettes : la loi est le fil d’or de la raison. On ne peut compter que sur l’éducation (donnée par des pédagogues officiels) pour convaincre chacun d’adhérer aux lois ; à noter toutefois que ces lois seraient « idéales » puisque conçues par les meilleurs, les plus instruits et les plus sages des hommes, les philosophes. Remarquons que souvent de nos jours les plus attachés aux lois font comme si elles étaient de fait idéales et qu’on vivait en utopie.
Les légalistes sont des hommes de foi, ils croient à un Bien universel.
Des Papous jusqu’aux Lapons en passant par les trisomiques, les artistes, les génies, les prisonniers, les rebelles et les employés de bureau, tous les êtres humains aspirent au Bien. Le problème c’est que l’idée qu’on se fait du Bien n’est pas la même pour tout le monde. Il est courant qu’un voleur soit mû par un sincère besoin de justice : « Pourquoi mes gosses n’auraient-ils pas des jouets aussi ? » ou bien « Il n’y a pas trente-six moyens de lutter contre l’injustice » ou encore « Ma patronne me donnait ses crèmes de beauté quand elles étaient rances ; le jour où j’ai vu l’argent dans son secrétaire, je me suis dit qu’une femme si généreuse n’oserait pas porter plainte. » Les trois mois fermes ont-ils puni le vol ou l’insolence ?
Presque tous les meurtres sont accidentels (courses-poursuites ou bagarres neuf fois sur dix) mais, dans les cas d’assassinats, les prisonniers que j’ai connus avaient recherché eux aussi ce qui était devenu à leurs yeux le bien suprême : la paix intérieure. Et qui sommes-nous pour juger ? C’est par les romans une fois