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L’INEPTIE CONSISTE À VOULOIR
CONCLURE
(Flaubert)[1]


On n’écrit pas pour convaincre. On cherche à conforter ses amis ou alliés. On peut espérer, dans le meilleur des cas, susciter leurs réactions, noter les points de divergence possibles et enrichir grâce à ces échanges une argumentation qui ne peut être que laborieuse.

Il ne servirait à rien de soulever la question du châtiment si elle était résolue ou en voie de l’être. On va vers une répression accrue et l’abolition des prisons n’est pas pour aujourd’hui. Mais on peut choisir son camp, non pas entre les défenseurs de l’incarcération et ceux qui la jugent inique, mais entre ceux qui acceptent de s’interroger et les autres.

Nous ne parlons pas pour les prisonniers. C’est en notre nom que nous agissons ; nous sommes quelques-uns dehors qui n’avons aucun lien particulier ni professionnel avec la prison, à ne pas supporter qu’on enferme, qu’on brise, qu’on détruise des individus « pour leur apprendre à vivre ».

  1. Lettre à Louis Bouilhet, 4 septembre 1850, Correspondance, Pléiade, Gallimard, 1980, tome I, p. 679.