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et enfermements de toutes sortes. Les homicides sont en baisse constante ces vingt dernières années et en chute libre par rapport au XIXe siècle. En réalité, il y a davantage de petits vols à l’arraché et de bagarres, mais surtout bien plus d’attentats à la pudeur. Ils sont sévèrement punis. Pour les mêmes faits, 18 % des accusés étaient condamnés à des peines de dix ans et plus dans les années 80 : dix ans plus tard on arrivait à 55 % et la répression ne fait qu’empirer.[1]

Autrement dit, ce n’est pas le moment de parler de supprimer les prisons. Mais l’abolition de ce châtiment aussi cruel qu’irrationnel doit être discutée à contretemps, c’est le seul moyen pour qu’un jour il en soit temps.

Car lorsqu’une une solution est assurément mauvaise, il est veule de ne pas reposer la question sous prétexte qu’elle reste pour l’heure sans réponse. Avec celle ou celui qui me lit je désire partager en guise d’ouverture cette phrase de David Hume dont j’aime tant l’obligeante passerelle jetée du je au nous : « Nulle lecture nulle enquête n’a jamais été capable d’écarter la difficulté où je suis ou de me donner satisfaction sur un sujet de cette importance. Puis-je mieux faire que de proposer la difficulté au public, bien que, peut-être, je n’aie que de faibles espoirs d’obtenir une solution ? Nous aurons du moins, par ce moyen, le sentiment de notre ignorance si nous n’augmentons pas notre connaissance. »[2]

  1. Chiffres donnés par la sous-direction de la statistique, des études et de la documentation du ministère de la Justice (SDSED).
  2. Enquête sur l’entendement humain. IVe section, 2e partie.