certaines de faire leurs choux gras d’une récession qui ne pourrait que rendre les pauvres plus délinquants et les riches plus répressifs.
La Justice est d’une sauvagerie rare depuis vingt ans. En France, où il a bien fallu abandonner la peine de mort pour être accepté dans la Communauté européenne, on se rattrape en distribuant à tort et à travers des peines de sûreté incompressibles. Beaucoup de Français trouvent que la mort manque.
Quand on pense qu’en 1791, le comité de législation criminelle avait failli abroger la peine de mort[1]… La durée maximale de détention était alors fixée à vingt ans !
Si l’heure est à une répression de plus en plus barbare, ce n’est pas dû en France, tant s’en faut, à l’arrivée au pouvoir en mai 2002 d’un gouvernement de droite particulièrement raide. Le nouveau Code pénal, élaboré entre 1981 et 1994 où il est entré en vigueur, est incontestablement plus sévère que celui qui le précédait.
Même si 140 000 personnes sont condamnées mais échappent à la prison grâce aux peines de substitution (on verra cependant que la plupart ne seraient même pas passées en jugement avant le nouveau code), les cellules demeurent pleines à craquer parce que le temps d’incarcération est de plus en plus long.
Mais si les peines sont plus lourdes, ne serait-ce pas parce que la délinquance s’aggrave ? Pas du tout. Si les prisons sont remplies, c’est par les contrevenants à l’article 19, autrement dit par les immigrés clandestins ; nous ne parlons pas d’immigrés clandestins qui auraient « fait quelque chose », mais d’individus arrêtés et jugés pour la seule infraction à la police des étrangers. C’est un délit purement administratif, mais qui coûte cher. Par ailleurs, il y a moins d’attaques de banques depuis que partout se sont sophistiqués les moyens de protection et moins de cambriolages pour les mêmes raisons. Assurément les systèmes techniques de dissuasion sont bien plus efficaces que les pendaisons, poings coupés
- ↑ Cf. Julie Le Quang Sang, La loi et le bourreau : la peine de mort en débat 1870-1985, L’Harmattan, 2001.