les grands qui ont « appris », mais, quand ils désirent parvenir à l’orgasme, filles ou garçons savent très bien reconnaître le lien entre sexe et plaisir. Cependant il est pénible de constater que le débat sur la pédophilie est réduit à une affaire d’organes. L’érotique enfantine, dit Jean-Pierre, est différente de celle des adultes, et si la sexualité est dépouillée de tout l’affectif et du sensuel où ils baignent, les enfants la nient et la tournent en dérision. Ce qui ne les empêche nullement de s’enchanter d’une rencontre sexuelle si elle a lieu « d’aventure ». Mais ni l’enfant ni personne ne supporte sans tristesse d’être habituellement traité en objet sexuel (si ce n’est volontairement, par jeu et de temps en temps).
Objets, les enfants le sont pour certains pédérastes mais bien plus fréquemment pour certains parents. Alors que tel discours sur la « libération de l’enfant » le désigne aux « amateurs » comme une denrée d’accès plus commode, les rangs se resserrent autour des parents propriétaires « donc désintéressés » (!). Eux ne regardent voluptueusement le corps de leurs enfants qu’inconscients ou gelés de culpabilité. Ils ont une grande peur d’éprouver du désir. Ils attendent de leurs mômes une même réserve. Qu’ils n’ont pas. D’où la sempiternelle histoire. Et la frustration d’il y a si longtemps…
Le mot « pédophilie » est l’une des sept mille souricières de notre langage. Il faut refuser d’y entrer. S’il y a des gens qui n’aiment caresser que les jeunes garçons ou que les femmes, ou que les batraciens, ça les regarde ; ils ne savent peut-être pas ce qu’ils perdent. Mais quant aux rapports sexuels entre adultes et enfants, ils sont la moindre des choses dès que l’amour circule ; pas plus une bricole anodine qu’obligatoire, mais un des possibles de tout plaisir d’aimer.