Page:Baju - Principes du socialisme, 1895.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’Art, qui procure cette jouissance supérieure, pure et désintéressée, est la plus haute expression du bonheur. Nous allons rechercher dans quelles conditions il peut atteindre son plus haut degré de culture, puisque le bonheur est notre fin commune.


II. — L’Art et la Vie.


Nous demandons à citer ici le passage suivant d’un article paru sous notre signature dans l’Événement du 13 avril 1891 : « Si nous entrevoyons l’Art comme but suprême de la vie, c’est dans la Science que nous voulons le chercher, non dans la Révélation.

« Pour nous l’Art, c’est la Toute-Science, c’est un rapport numérique que l’intuition fait quelquefois découvrir, mais qui est déterminé par des lois mathématiques qu’il s’agit de formuler. On nous a reproché de vouloir le ravaler au niveau des foules ignorantes : erreur ou préjugé. Ce sont les foules que nous voulons élever aux conceptions artistiques les plus nobles ; car pour nous il n’y a pas d’hommes supérieurs : il n’y a que des hommes inférieurs.

« Le sens esthétique étant le mode le plus élevé de la jouissance et participant du fonctionnement régulier des autres sens, pour en assurer à tous les hommes le développement complet, nous devons réclamer pour chaque individu la plénitude des jouissances matérielles. C’est pour l’humanité tout entière l’idée du vieil adage latin : mens sana in corpore sano que nous devons réaliser. Ainsi le