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c’est illogique, impossible. Certes l’Égalité sociale est inévitable et prochaine ; elle est le but du processus universel : elle s’effectue même tous les jours sous l’action incessante des civilisations : chaque fois qu’un progrès s’accomplit, c’est un privilège qui disparaît. Mais son résultat complet sera l’œuvre de l’Égalité intellectuelle, et c’est celle-ci que nous devons réaliser la première, parce que, dans l’ordre invariable des faits, la cause précède toujours la conséquence.

Les Bourgeois prétendent que si tout le monde était instruit, personne ne voudrait travailler. Mais ils ne disent pas toute leur pensée ; il faut lire : Personne ne voudrait travailler pour les autres, c’est-à-dire se laisser exploiter. En cela ils ont raison ; c’est précisément parce que nous sommes las de travailler pour eux que nous demandons l’égalité de l’instruction. Il faut donc que les socialistes essayent d’obtenir du gouvernement cette instruction intégrale sans laquelle nous ne pouvons rien faire. L’Enseignement primaire est un leurre : il mûrit l’homme pour une exploitation avantageuse. L’École communale et le Lycée perpétuent ces haines de classes que nous voulons détruire ; remplaçons-les par l’École sociale où tous les enfants sans distinction seront élevés selon les principes de l’Égalité et de la Fraternité.

Qu’on ne dise point que l’argent manque pour exécuter cette œuvre grandiose, déjà rêvée par les hommes de la Convention. On trouve des milliards pour apprendre aux jeunes gens à se battre et à se tuer, on trouvera bien quelques centaines de millions pour les instruire, pour les élever à la dignité d’hommes !