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toute influence physiologique. C’est le dualisme antique : d’un côté l’esprit, de l’autre la matière. On peut fustiger le corps, le macérer, le mutiler, l’âme n’en est point affectée ; notre libre arbitre s’exerce sans contrainte : nous avons le pouvoir de choisir entre ce qu’on est convenu d’appeler le Bien et le Mal. Les philosophes officiels affirment que nous possédons cette liberté morale. « On me présente deux louis, dit M. Jules Simon (Le Devoir page 15), et l’on me dit : « Voici celui que vous choisirez » ; est-ce que je ne me crois pas parfaitement libre de choisir l’autre ?… Je propose à quiconque pense que je ne suis pas libre, de gager contre moi mille écus, un million, cent millions que dans l’espace d’une heure je lèverai trois fois la main. Qui acceptera le pari ? Personne. Qui hésitera à le proposer ? Personne… Si nous sommes trois dans une chambre, les deux autres peuvent parier entre eux que je partirai du pied droit ou du pied gauche ; mais quel est celui qui fera telle gageure contre moi-même ? Ces faits parfaitement simples ont le mérite d’établir de la façon la plus irréfutable la croyance à la liberté humaine, etc. »

Voilà à l’aide de quels misérables arguments les sophistes bourgeois démontrent un principe qui sert de base à leur philosophie. Avoir la faculté de choisir entre deux choses rigoureusement identiques, de lever la main droite ou le pied gauche, qui ne sent l’inanité d’une pareille démonstration ? Y a-t-il au monde quelque chose de plus puéril, de plus grotesque ? Monsieur Jules Simon, vous êtes pris en flagrant délit d’ergotage et de sophisme. Mais les animaux aussi ont la faculté de se mouvoir en tel sens qu’il leur plaît ; ils peuvent même