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la puissance de l’éducation ; ils savent qu’elle est la base et la garantie des institutions d’un pays. Aucune transformation sérieuse dans les idées et dans les mœurs ne s’accomplit que par elle. L’homme reste ce qu’il est, mais on fait de l’enfant ce qu’on veut. Nous en appelons ici à la compétence de tous les vrais pédagogues : les élèves d’un Maître sont semblables à ces végétaux naissants qu’on courbe vers le sol et qui croissent dans cette position. Par l’effet de l’habitude, du milieu, de l’entraînement, on les dresse pour telles fins qu’on se propose. Nous pouvons donc formuler ce principe :

« Les sociétés sont ce que les gouvernements veulent qu’elles soient : il ne s’y commet que les délits qu’on veut avoir à réprimer. »

Il n’y a de vagabonds, d’assassins et de voleurs que ceux que l’éducation et les nécessités de la vie ont rendus tels. Prétendre les extirper de la société au moyen de l’échafaud et de la prison est aussi ridicule que de vouloir tarir la Seine au-dessous de Paris avec des paniers percés. Pierre a volé parce qu’il n’avait pas de travail et parce qu’il avait faim ; on aura beau le condamner à toutes les peines imaginables, rien n’empêchera Paul de l’imiter dès qu’il se trouvera dans la même situation. Ce n’est pas le voleur qu’il faut punir, ce sont les causes du vol qu’il faut faire disparaître, autrement dit il faut commencer par le commencement.

Si nous voulons une société égalitaire, nous devons la préparer. Pour cela nous prenons tous les enfants, dès le plus bas âge, avant qu’ils aient