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main de les invoquer en faveur du principe de la séparation des classes. Le pasteur ne donne-t-il pas une pâture égale à toutes ses bêtes, sans s’occuper si celle-ci rapporte plus ou moins que celle-là ? Et puis ceux qui sont forts, le sont-ils constamment ? N’ont-ils pas besoin qu’on leur vienne en aide dans leur enfance, dans leur vieillesse et durant les périodes de maladie ? Plus on examine cette question, plus on voit que tout s’équilibre par des compensations, que tous les hommes sont égaux. Enfin, s’il y en a quelques-uns qui soient un peu plus forts que les autres, leur devoir est de travailler pour les faibles, non de les opprimer !

C’est en vertu du principe d’égalité que les premières sociétés furent constituées. La plus ancienne forme de l’association est celle de la famille dont tous les membres étaient égaux sous l’autorité paternelle. Des réunions de familles ont ensuite formé des clans, des tribus ou des peuplades, sous la direction d’un chef élu en raison de sa force musculaire ou de son expérience de la vie. Mais le père ou le chef, quoique investis de l’autorité, n’avaient aucun avantage sur les autres sociétaires : il était fait un partage égal entre tous des revenus de la terre, des produits de la pêche ou de la chasse et des dépouilles de la guerre. La légende du Vase de Soissons atteste que Clovis, roi des Francs, n’avait, en dehors des exercices militaires, aucune supériorité sur ses soldats.

La vie des premiers âges offrait trop d’aléas. L’homme fort, après avoir dépouillé les autres, était souvent surpris et dépouillé lui-même par quatre ou cinq faibles réunis contre lui. C’est pour