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IV. — La Loi des Sociétés.


Ce système social a pour base l’égalité.

L’homme seul ne pouvant se suffire est forcé de s’associer. Dès lors la société est un contrat : chacun de nous réduit à ses propres ressources étant impuissant, nous devons être forcément égaux. Prenez l’homme le plus fort et le plus intelligent, séparez-le de tous les autres, que fera-t-il ainsi ? Rien. Faibles et forts nous sommes aussi utiles, aussi indispensables les uns que les autres : il est donc juste que nous retirions les mêmes avantages d’une association à laquelle nous apportons tous le concours entier de notre force musculaire et de notre intelligence.

Si on ne traite pas tout le monde sur pied d’égalité, la multitude des faibles a le droit de dire au petit nombre des forts : « Nous refusons de nous associer avec vous. » Mais, en réalité, il n’y a ni faibles ni forts ; c’est là un préjugé que les riches ont répandu pour justifier l’exploitation des pauvres : il en faut faire justice. D’abord il n’est pas vrai que ceux qui possèdent, qui gouvernent, qui jouissent, en un mot, soient les plus forts, les plus intelligents. Il y a parmi le peuple des milliers d’hommes sains de corps et d’esprit à qui il ne manque qu’un peu de culture pour les égaler de tous points, sinon les surpasser. Ensuite, s’il y a des inégalités de force physique et d’aptitude au travail, elles sont le résultat d’une mauvaise organisation sociale ; le progrès, qui tend à les faire disparaître, les rend inappréciables dans l’œuvre collective de la production. Il n’est ni juste ni hu-