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dans ce vers suivant de Jules Méry, qu’on peut considérer comme le vers-type du Magnificisme :


Le poète est un dieu captif dans une bête.


Les autres sont Alcide Guérin, Arthur Bernède, André Lénéka, Louis le Dauphin, Pierre Devoluy, Marcel Batilliat, Marcel Legay (m’assure-t-on), etc.


Le Romanisme


L’École Romane est le groupe le plus important qui soit sorti de la faillite symboliste. Composée de quatre poètes, Jean Moréas, Maurice du Plessys, Ernest Raynaud, Raymond de la Tailhède, et d’un historiographe qui a le tort de vouloir être un théoricien, Charles Maurras, ce n’est donc point par le nombre de ses membres qu’elle a quelque valeur, mais par leurs œuvres et surtout par leurs formidables prétentions.

Jean Moréas, d’origine hellénique, très imbu des littératures méridionales que caractérisent le tour naïf, l’esprit, la grâce, la simplicité, devait avoir en horreur les solennels raseurs du Nord avec leurs réflexions graves, leurs déclamations creuses, leur style épais comme une coulée de lave. Aussi, s’insurgeant contre les Romantiques, les Parnassiens, les Naturalistes, il veut renouer la fameuse « chaîne gallique » de M. du Plessys et restaurer notre langue naturelle : celle de Ronsard, de Lafontaine et de Racine.