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a pu dire sans trop d’exagération que c’était un métingue.


Après le Banquet


Les hôtes de Moréas ne pouvaient lui pardonner le succès de cette soirée. M. Charles Morice surtout en fut profondément affecté. Tout en ne se donnant que pour le critique, c’est-à-dire le sarcey de l’École symboliste, il entendait faire prévaloir ses théories. Du fond de la coulisse, il voulait régenter les idées. Si secondaire que fût sa place, il s’en contentait à cette condition. Mais après le banquet il comprit que l’absorbante personnalité de Moréas ne lui permettait pas de jouer ce rôle, et comme il ne pouvait se résigner à n’être qu’un infime satellite, il fomenta les divisions qui ont amené la naissance de l’École Romane. Quatre poètes le gênaient : Ernest Raynaud, Raymond de la Tailhède, Maurice du Plessys et Jean Moréas. C’est pour se débarrasser d’eux qu’il organisa au bénéfice de Paul Verlaine, dit-il, la représentation du Théâtre d’Art, en réalité pour se tailler un triomphe facile et humilier ces derniers en ne leur donnant au programme qu’une place dérisoire. Mais ceux-ci eurent, cette fois, le bon esprit de s’abstenir et de le laisser rôtir tout seul dans le four brûlant qu’il leur avait préparé.

En sortant de la salle du Vaudeville, les spectateurs qu’y avaient attiré les annonces ronflantes de la presse disaient entre eux :

« C’est ça l’École Symboliste ? vraiment ce n’est pas très nouveau ; il ne valait pas la peine de faire tant de bruit. » En effet, Chérubin n’est qu’une pièce à mora-