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veau groupe lorsque l’éclosion de l’École Romane déjoua toutes ses combinaisons. Désespérant de réussir, il lâcha le Symbolisme, comme il avait lâché l’École décadente, et devint avec du Plessys un des disciples de Moréas.


Le banquet du « Pèlerin passionné »


Ce banquet marque une date dans l’histoire littéraire de notre fin de siècle et surtout dans la vie de quelques poètes faméliques. C’est là sans doute que Moréas a conquis le titre de « Restaurateur » que lui dénient si énergiquement les esthètes qui ne furent pas invités. Il y avait de tout à cette grande fête du Symbolisme : des Décadents, des Parnassiens, des Naturalistes, etc. Ces gens qui se mangent le nez dans les journaux avaient trouvé à table leur véritable terrain de conciliation. Chacun y allait de son petit toast à l’auteur du Pèlerin, qui a pu croire quelques minutes que son talent lui avait rallié tous ses admirateurs. Mais cette entente cordiale, cet enthousiasme n’était qu’un effet des verres de champagne et ne devait pas durer plus longtemps que la fumée de la délectable boisson. Dès le lendemain, le Symbolisme s’effondrait sous le choc des rivalités et de nouvelles sectes allaient sortir de ses ruines.

Ce banquet a eu des résultats contraires à ceux qu’en attendaient les organisateurs. À l’exception de quelques Décadents, il a réuni tout ce qui porte un nom dans la jeune littérature, mais précisément en raison des éléments hétérogènes qui le composaient on