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ses quatre ou cinq sonnets — courir les cafés et médire du symbolisme qui n’avait pas encore de plus grand contempteur. Quelques temps après, il se faisait inscrire comme disciple de Moréas et annonçait à grand bruit qu’il allait publier une œuvre symboliste : La Peau de Marsyas. Détail amusant : plusieurs journaux, grâce à la similitude des noms, ou victimes d’erreurs typographiques avaient imprimé La Peau de Moréas. Un de nos amis qui a vu cette Peau me dit que c’est un assemblage de feuilles dont chacune porte les titres, dédicaces, épigraphes, en un mot tous les accessoires de sonnets… qui ne sont pas encore écrits. C’est donc une peau à quelque point de vue qu’on la considère, symboliste et symbolique à la fois — le chef-d’œuvre du genre.

Au banquet du Pélerin passionné, qui fut en quelque sorte l’apothéose de Moréas, Maurice du Plessys fait l’apologie du Symbolisme et quelques semaines après, à la suite de divisions dans ce groupe il passe à l’École Romane. Dans sa Dédicace à Apollodore, il proclame emphatiquement Moréas « le restaurateur du Verbe roman ». Je ne sache pas que ce dernier, en fait de restauration, ait restauré autre chose que du Plessys lui-même. Que signifie donc cette appellation ? Il y a certainement là une équivoque regrettable.

Peut-être Maurice du Plessys s’expliquera-t-il un jour là-dessus, quand il n’aura plus de raisons pour se taire. En attendant, il est, après Moréas, le grand maître du Romanisme. C’est lui qui est chargé de l’admission des néophytes et qui leur distribue des numéros d’ordre. Il exerce une sorte de police rigoureuse dans ce clan hermétique qui, selon sa pittoresque expression, est plutôt une « caserne » qu’une école littéraire.