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LES ÉCRIVAINS DU DÉCADENT

Il est de notre devoir de consacrer quelques lignes à ces mâles intellectuel qui résument le XIXe siècle comme sa pensée la plus intime, à cette trinité d’hommes que le hasard a fait contemporains pour la grandeur et la rédemption de cette triste époque, et sans qui le Décadent n’eut jamais eu que l’éclat d’un modeste soleil dans l’épaisseur des ténèbres ambiantes : Jules Barbey d’Aurevilly, Paul Verlaine, Maurice du Plessys.


JULES BARBEY D’AUREVILLY

Barbey est grand ! Prétendre le prouver supposerait qu’on en peut douter. C’est aussi inutile en ce sens qu’on ne prouve pas une chose qui s’explique par elle-même, évidente comme la lumière du jour, patente comme la décrépitude de cette fin de siècle. L’indifférence ou le dédain des plèbes pour ce grand homme, quelle preuve plus éclatante et plus sûre de son vaste génie ! Car nous vivons à une époque de corruption et d’abjection telle que la haine et le mépris sont devenus le critérium unique du talent.

C’est dans nos mœurs : à l’avenir un triomphe ne sera complet qu’autant qu’il aura provoqué les acclamations de l’élite si restreinte du monde intellectuel et les conspuations de la multitude des voyous.

Le comte Barbey d’Aurévilly s’apitoie assez sur l’humanité pour ne pas s’inquiéter des jugements qu’on peut porter sur lui.